Bilan Canicule - Juin et Juillet 2025 - Météo Thau

Canicule de mi juin à début juillet 2025

Article du 07/07/2025 à 19h19

Canicule à Sète et sur le bassin de Thau : record de chaleur, nuits tropicales et malaïgue sur l’étang de Thau

Ce début d’été 2025 laissera un souvenir de chaleur écrasante sur le bassin de Thau. Que s’est-il réellement passé dans le ciel pour expliquer un tel phénomène ? Plongeons dans les coulisses de la météo pour décrypter, simplement, cet épisode de chaleur qui a marqué notre région.

 

Un dôme de chaleur installé dès le mois de juin

Le grand responsable de cette canicule porte un nom : le « dôme de chaleur ». Il faut imaginer une immense zone de haute pression (un anticyclone) qui s’installe durablement sur nous. Cette zone agit comme un couvercle géant qui piège l’air chaud.

Sous ce couvercle, l’air ne peut plus s’échapper vers le haut et se retrouve comprimé, ce qui le réchauffe encore plus. Le soleil tape fort, le vent est quasi absent : tous les ingrédients sont réunis pour transformer notre région en une sorte de four à chaleur tournante, qui a duré plusieurs semaines.

 

Des chiffres qui parlent : un record et des nuits étouffantes

Cet épisode a été marqué par des températures qui ont battu des records et, surtout, par une chaleur nocturne particulièrement éprouvante. Dans ce bilan, nous prendrons évidemment les chiffres de la station météo de Sète, qui est la référence sur notre secteur (installée depuis 1936). Les températures diurnes sont certainement allées au-delà des 40°C durant quelques jours sur le nord du bassin de Thau.

 
Un record historique de 37,7°C

Le 5 juillet, le thermomètre a atteint 37,7°C à la station météo de Sète. C’est une valeur exceptionnelle, car notre secteur est habituellement rafraîchi par les brises marines. Mais en ce début du mois de juillet, avec une mer surchauffée, ce « ventilateur » naturel a été trop faible, laissant la température grimper à un niveau jamais vu pour un mois de juillet.

Le piège des nuits tropicales

« Impossible de dormir », « l’air ne se rafraîchit pas »… Ces sensations étaient dues aux 26 nuits tropicales d’affilée, où la température n’est pas descendue sous les 20°C, dont 8 nuits à plus de 25°C. Mais pourquoi ? La raison est simple : après avoir emmagasiné la chaleur du soleil toute la journée, les sols, les étangs et la mer, l’ont relâchée lentement durant la nuit, réchauffant l’air en continu. C’est ce phénomène qu’on appelle l’inertie thermique.

 

Quand la météo impacte l’étang : déclenchement de la malaïgue début juillet.

Cette chaleur intense a eu une conséquence directe et visible sur l’étang de Thau. Pour comprendre la « malaïgue », l’image est simple : plus l’eau est chaude, moins elle peut contenir d’oxygène dissous (les petites bulles invisibles dont les coquillages ont besoin pour respirer).

L’eau surchauffée de l’étang s’est donc retrouvée en manque d’oxygène. Pour les huîtres et les moules, c’est comme se retrouver dans une pièce sans air. Ce phénomène d’asphyxie du milieu aquatique, c’est la « malaïgue » (ce n’est pas une pollution, les coquillages ne sont pas impropres à la consommation, mais ils peuvent tout simplement mourir).

 

« C’est normal, c’est l’été !!! »

Une phrase que j’ai pu lire à de nombreuses reprises dans les commentaires de la page Facebook… Un été est chaud par définition, mais chaque été ne bat pas des records de température qui tenaient depuis des années. Quand on dépasse les anciens pics, on sort de la « normale » pour entrer dans l’exceptionnel.

 

La vague de chaleur de l’été 2025 nous laisse avec une interrogation majeure : et si cet épisode n’était pas une exception, mais plutôt un aperçu de nos étés futurs ? La multiplication de ces phénomènes, annoncée par les climatologues, soulève des questions concrètes pour notre région. Faudra-t-il adapter notre quotidien face à une véritable « saison des canicules » ? Nos habitations et nos villes sont-elles adaptées pour supporter des séries de nuits tropicales qui ne laissent aucun répit aux organismes ?

 

Sur le plan environnemental, l’équilibre de l’étang de Thau, si précieux pour notre économie locale et notre biodiversité, pourra-t-il supporter des crises de « malaïgue » plus fréquentes ?

 

Au-delà des données météorologiques, ce début d’été 2025 nous invite à réfléchir collectivement à notre adaptation. Les réponses à ces questions dessineront le futur de notre territoire face à un climat qui évolue.