Qu'est-ce qu'un pyrocumulus ?
Article du 11/07/2025 à 16h00
Pyrocumulus de la Gardiole : quand un incendie crée sa propre météo
Vous l’avez peut-être observé ou photographié ce samedi 5 juillet : nuage semblait « naître » directement au sommet du panache de fumée de l’incendie de la Gardiole. Loin d’être un simple nuage de fumée, ce phénomène porte un nom : un pyrocumulus, littéralement un « nuage de feu ». Il est le signe que le feu au sol était si puissant qu’il a commencé à générer ses propres conditions météorologiques.
Qu’est-ce qu’un Pyrocumulus exactement ?
Un pyrocumulus (nom scientifique : cumulus flammagenitus) est un véritable nuage, au même titre qu’un cumulus de beau temps. Il n’est pas composé de cendres ou de fumée, mais bien de gouttelettes d’eau liquide condensée. La différence fondamentale, c’est son moteur : au lieu de se former par les courants d’air chaud habituels, il est entièrement créé par l’énergie colossale dégagée par un feu de forêt intense.
Comment un incendie fabrique son propre nuage ?
La formation d’un pyrocumulus suit une recette en trois étapes, un peu comme une puissante machine thermique :
L’ascenseur d’air surchauffé : Le feu de forêt dégage une chaleur si intense qu’il crée une colonne d’air extrêmement chaud qui monte vers le ciel à une vitesse fulgurante. C’est un courant ascendant bien plus puissant que ceux qui forment les nuages habituels.
Le refroidissement en altitude : En s’élevant à des milliers de mètres d’altitude, cet air chaud se détend et se refroidit brutalement (on perd environ 6,5°C tous les 1000 mètres).
La condensation express : Lorsque l’air atteint une altitude où il est suffisamment froid (le point de rosée), la vapeur d’eau qu’il contient se condense pour former des gouttelettes. Les particules de cendres et de suie emportées par le courant d’air agissent comme des « aimants » (noyaux de condensation) qui accélèrent la formation du nuage. Un pyrocumulus est né.
Le nuage de la Gardiole : un thermomètre de la puissance du feu
Voir un pyrocumulus comme celui observé au-dessus de la Gardiole le 5 juillet est un indicateur direct de l’intensité de l’incendie. Cela signifie que le feu était particulièrement « énergétique », dégageant une chaleur immense et créant un courant ascendant capable de percer les couches de l’atmosphère sur plusieurs kilomètres de hauteur. C’est le signe d’un feu majeur et difficile à contrôler.






Quand le nuage devient orage : le risque du Pyrocumulonimbus
Si l’ascenseur d’air chaud est suffisamment puissant et que les conditions en altitude sont instables, le pyrocumulus peut continuer de grandir verticalement pour devenir son grand frère, bien plus dangereux : le pyrocumulonimbus.
Il s’agit d’un véritable « orage de feu », capable de générer ses propres éclairs (qui peuvent déclencher de nouveaux départs de feu), des vents violents et erratiques à sa base (compliquant le travail des pompiers) et des précipitations. Heureusement, le phénomène au-dessus de la Gardiole semble être resté au stade de pyrocumulus, mais il nous rappelle la puissance que la nature peut déchaîner.
Un feu très puissant qui a ravagé la Gardiole entre Fabrègues et Mireval
Le pyrocumulus, visible à des kilomètres à la ronde ce 5 juillet, fut donc bien plus qu’un simple phénomène météo fascinant. Il était le témoin direct, le « thermomètre » visible de la puissance du brasier qui, parti vers 14h, a dévoré près de 400 hectares de notre précieux massif de la Gardiole.
Et tandis que ce géant de vapeur et de cendres se formait dans le ciel, une bataille tout aussi intense se jouait au sol. Face à la progression rapide du feu, c’est l’action acharnée de centaines de sapeurs-pompiers et les rotations incessantes des moyens aériens qui ont fait la différence. Grâce à leur engagement, l’incendie a pu être stoppé aux portes de Mireval avant d’être finalement maîtrisé en soirée.
